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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 17:37

IMG_3341.JPG   Cinq mois après notre arrivée, le riad Houdou commence à nous appartenir, à devenir notre riad et à retrouver douceur et quiétude.

Quelques micro fissures n’ont pas quitté la façade fraîchement repeinte, mais aujourd’hui elles épousent avec harmonie les bougainvilliers mauves des trois  bacs en métal que nous avons suspendus au mur. Les voisins heureux de voir le derb ainsi fleuri ont manifesté la crainte que les enfants les détériorent en jouant.

Nous faisons désormais parti du décor de ces voisins dont nous ne comprenons pas toutes les paroles. Bonjour, ça va, Abdullilah, répondent-ils, multipliant selon la coutume les marques de salut. Ces voisins qui, à notre invitation, ont franchi la porte du riad il y quelques semaines pour une soirée de bénidiction du lieu. L'événement semblait presque officiel, voire impressionnant. Les hommes en bas et les femmes sur la terrasse pendant que les enfants du mouadin psalmodiaient des versets du Coran. Le patio empreint de solennité semblait retrouver les traces de son passé, renouait avec sa culture et sa tradition. Cette invitation nous prouve que vous acceptez notre culture, nous a-t-on remercié. La remarque fut d’autant plus touchante qu’elle témoignait presque de l'appropriation envahissante des Européens sur la ville de Marrakech.

Ouvrir sa porte à l’autre s’inscrit dans la tradition marocaine comme une marque d’amitié et de partage. Dans un pays, où l’intimité est sacrée, on comprend l’importance symbolique de cette ouverture. Depuis, les regards curieux sur le bureau de la réception à l’entrée se font moins pressants et les enfants réclament moins souvent à investir le bassin.

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Le patio a donc retrouvé son éclat. Le sol ciré avec modération ne garde plus le souvenir des traces de peinture et de ciment. Un couple de petites tortues déambule entre le romarin, la lavande et le basilic ; la récente pluie a fait tomber la pellicule de poussière sur les feuilles des orangers. De la cuisine s’échappent l'odeur des Msmen et du tajine que prépare Rajaa sur le nouveau plan de travail en granit. Les canapés revernis on retrouvé leur place près de la fontaine, tandis que le bruant striolé a refait son nid sur le chapiteau de la porte du grand salon.

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A l’intérieur de la grande pièce, les toiles sur la mémoire des murs peintes par Mohammed Najahi entrent en cohérence avec les boursouflures d’humidité qui, après à peine deux mois de travaux, réapparaissent. Par conséquent le mur attenant, celui du bassin, présente d’inquiétantes cloques, soulignées par les coulures de vernis mal appliqué sur les frises en bois. Qu'importe, les bananiers déploient leurs immenses feuilles et se reflètent dans le zellige du bassin de nouveau rempli. Et les éternelles mélodies d’Oum Kalthoum qui s’élèvent depuis la bibliothèque assurent la pérennité des choses.

IMG_3773.JPGL’angoisse des débuts, le stress des travaux et la peur de l’inconnu s’apaisent. La chaleur torride est remplacée par un ciel à peine voilé qui, sous les rayons de soleil draine, une brise légère. Le climat sent l’odeur de la rentrée des classes de mon enfance. le gargouillis de la fontaine fait le bonheur des oiseaux. Le quotidien s’installe presque. Aujourd’hui il y a un an que nous avons décidé de quitter la France pour le Maroc…

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